Le cyberharcèlement familial : une menace numérique destructrice
Le cyberharcèlement est souvent associé aux sphères scolaires ou professionnelles, mais il peut également se produire au sein même de la famille. Lorsqu’un membre de la famille utilise les outils numériques pour surveiller, menacer, humilier ou harceler un proche, il s’agit d’une forme de violence intra-familiale encore trop méconnue. Pourtant, ses conséquences psychologiques peuvent être aussi dévastatrices que des violences physiques ou verbales.
Selon une étude du Centre Hubertine Auclert réalisée en 2017-2018, 90 % des femmes victimes de violences conjugales déclarent avoir également subi des cyberviolences de la part de leur partenaire ou ex-partenaire. Centre Hubertine Auclert
Parmi les femmes victimes de violences conjugales, 80 % rapportent avoir reçu de manière répétée des insultes ou injures via leur téléphone, et une femme sur trois a été menacée par son partenaire ou ex-partenaire de diffusion de contenus intimes. Stop Cybersexisme
Ces chiffres soulignent l’urgence de reconnaître et de traiter la violence numérique au sein des familles, en mettant en place des mesures de prévention et de soutien adaptées.
Entre 800 000 et 1 000 000 d’enfants seraient victimes de harcèlement scolaire chaque année en France, souvent amplifié par des actes de cyberharcèlement. Sénat
1. Qu’est-ce que le cyberharcèlement familial ?
Le cyberharcèlement familial se caractérise par l’utilisation des technologies numériques (réseaux sociaux, messageries, logiciels espions, géolocalisation, etc.) pour exercer une pression, un contrôle ou une intimidation sur un proche. Il peut prendre différentes formes :
- Surveillance excessive : accès non autorisé aux comptes personnels (emails, réseaux sociaux, banque en ligne, etc.), traçage de la localisation.
- Menaces et intimidations : envoi répété de messages insultants ou menaçants.
- Diffusion d’informations personnelles : divulgation d’informations privées ou compromettantes pour nuire à la victime.
- Usurpation d’identité : création de faux profils pour piéger ou nuire à la réputation de la victime.
- Chantage affectif numérique : utilisation de photos ou de messages privés pour manipuler la victime.
2. Qui sont les auteurs et les victimes ?
Le cyberharcèlement familial peut être perpétré par différents membres de la famille :
- Un conjoint ou ex-conjoint : dans le cadre de violences conjugales, un partenaire toxique peut utiliser la technologie pour poursuivre son emprise après une séparation.
- Un parent sur un enfant : certains parents hypercontrôlants ou abusifs utilisent la surveillance numérique pour restreindre l’autonomie de leur enfant.
- Des enfants sur un parent : des adolescents ou jeunes adultes peuvent harceler un parent, notamment en situation de conflit familial.
- Frères et sœurs : le cyberharcèlement fraternel peut prolonger des violences psychologiques existantes dans la vie réelle.
3. Quelles sont les conséquences pour les victimes ?
Les répercussions du cyberharcèlement familial sont profondes et durables :
- Stress et anxiété : la victime peut vivre dans une angoisse permanente d’être surveillée ou attaquée.
- Isolement social : peur de s’exprimer en ligne, coupure avec des amis ou proches.
- Dépression et perte d’estime de soi : particulièrement si les humiliations ou menaces sont répétées.
- Impact sur la vie professionnelle ou scolaire : baisse de concentration, absentéisme, dévalorisation de soi.
4. Comment se protéger et réagir ?
Si vous êtes victime de cyberharcèlement familial, il est essentiel d’agir rapidement :
- Sécuriser ses comptes : modifier ses mots de passe, activer la double authentification, limiter l’accès à ses informations personnelles.
- Bloquer et signaler : sur les réseaux sociaux et plateformes de messagerie, utiliser les outils de signalement et de blocage.
- Conserver des preuves : capturer les messages menaçants ou harcelants pour constituer un dossier en cas de plainte.
- Chercher du soutien : en parler à une personne de confiance, un professionnel ou une association spécialisée.
- Envisager des actions légales : en France, le cyberharcèlement est puni par la loi (jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende selon la gravité des faits).
5. La sensibilisation aux risques liés aux réseaux sociaux
En France et dans l’Union européenne, l’âge minimum requis pour ouvrir un compte sur un réseau social est 15 ans sans autorisation parentale, conformément au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Cependant, certaines plateformes autorisent l’inscription dès 13 ans avec l’accord des parents.
Voici les âges minimums requis par les principales plateformes :
- Facebook : 13 ans (avec accord parental jusqu’à 15 ans en France)
- Instagram : 13 ans (avec accord parental jusqu’à 15 ans en France)
- TikTok : 13 ans (certaines fonctionnalités sont limitées jusqu’à 15 ans)
- Snapchat : 13 ans
- WhatsApp : 16 ans en Europe
- YouTube : 13 ans pour un compte personnel, 18 ans pour un compte avec monétisation (ou 13 ans avec accord parental)
- Discord : 13 ans (certaines fonctionnalités restreintes en dessous de 18 ans)
Les parents peuvent exercer un contrôle via des outils comme Google Family Link ou les paramètres de contrôle parental des plateformes. Toutefois, en pratique, de nombreux enfants contournent ces restrictions, soulignant l’importance de l’accompagnement parental et de la sensibilisation aux risques liés aux réseaux sociaux.
Le cyberharcèlement familial est une forme de violence insidieuse qui peut détruire les victimes psychologiquement et émotionnellement. Pourtant, il reste encore peu reconnu et souvent minimisé. Il est crucial d’en parler, de sensibiliser et de mettre en place des protections numériques pour lutter contre cette menace invisible. Si vous ou un proche êtes concerné, sachez qu’il existe des solutions et des soutiens pour retrouver une vie sereine et sécurisée.
Pour en savoir plus
Articles de presse
« Cyber-harcèlement : une famille française sur quatre est confrontée aux violences en ligne »
Cet article du Monde présente une étude révélant que 24 % des familles françaises ont été confrontées au cyberharcèlement, touchant particulièrement les enfants dès le primaire. Le Monde
« Cyberharcèlement : une famille sur quatre déjà confrontée à ce fléau »
TF1 Info rapporte qu’une famille sur quatre a déjà été confrontée au cyberharcèlement, soulignant que 86 % des 8-18 ans sont inscrits sur les réseaux sociaux. TF1 Info
« Un quart des familles ont été confrontées au cyberharcèlement, parfois dès la primaire »
La Dépêche souligne que le phénomène du cyberharcèlement touche largement les enfants, y compris ceux âgés de 8 à 10 ans en primaire. La Dépêche
Communiqués et études
Communiqué de presse de l’Association e-Enfance
Ce document détaille les chiffres du cyberharcèlement en France et met en évidence les besoins des parents en matière de prévention et d’accompagnement face aux risques d’Internet. e-Enfance
Étude de l’OMS/Europe sur le cyberharcèlement
Cette étude révèle qu’un enfant d’âge scolaire sur six est victime de cyberharcèlement, mettant en lumière l’ampleur du phénomène en Europe. Organisation mondiale de la santé
Podcasts
« Le cyberharcèlement au périscope »
Ce podcast aborde la manière dont les cadres de l’Éducation nationale peuvent collaborer avec les familles pour prévenir le cyberharcèlement. Apple Podcasts
« Nos enfants, les écrans et Internet : comment les sensibiliser et les protéger »
Cette série de podcasts donne la parole à des experts pour offrir des conseils aux parents sur la manière de protéger leurs enfants des dangers en ligne, y compris le cyberharcèlement. Apple Podcasts
« Parentalité numérique : le podcast qui rassure les parents »
Ce podcast vise à démystifier les préjugés liés à l’utilisation des écrans par les enfants et propose des solutions pratiques pour les parents. Parents Connect
Vidéos
« Cyberharcèlement – Un podcast du Centre de planning Familial Soralia Liège »
Cette vidéo aborde les différentes facettes du cyberharcèlement et propose des pistes pour y faire face.
« Podcast Parlons Jeunesse – Comment prévenir le cyberharcèlement »
Le Service de la Jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles présente ce podcast qui explore les moyens de prévenir le cyberharcèlement chez les jeunes.